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Accueil > Success Stories > Williann : artiste murale

Portrait de Williann :
Une artiste murale au service des figures libres

La fresque de Clémentine Delait, désormais visible avenue des Fusillés au-dessus du salon de coiffure Ligne Coiffure, ne laisse personne indifférent. Son trait affirmé, ses teintes vibrantes, son univers mi-rétro, mi-rêvé, portent la signature reconnaissable de Williann, artiste muraliste originaire d’Alsace. Une créatrice dont le travail, ancré dans le féminin et la liberté, fait aujourd’hui rayonner la mémoire d’une figure locale hors du commun.

Son parcours
Pouvez-vous nous raconter votre parcours artistique ? Comment en êtes-vous venueà la peinture murale ? 

J’ai commencé la peinture murale en 2015, totalement autodidacte, sur les murs d’une chambre d’hôtel. C’était un appel à projet et j’ai eu la chance de le remporter. J’avais un peu candidaté sans trop savoir si ça allait marcher. Ce que je ne savais pas, c’est que ce projet allait m’ouvrir des portes de l’univers de la fresque murale, et j’ai gardé le virus depuis ! Peindre sur un mur est une performance extrêmement gratifiante et galvanisante.

Quelles ont été les étapes ou les rencontres marquantes dans votre cheminement ?

Chaque nouveau projet a eu son lot de belles rencontres, de dépassement, d’évolution. Ce que je retiendrai le plus, c’est la possibilité que j’ai de pouvoir voyager grâce à ma peinture. J’ai eu l’occasion de peindre dans plein d’endroits en France, mais également dans 14 pays (Allemagne, Luxembourg, Suisse, Ecosse, Irlande, Portugal, Pays-Bas, île de la Réunion, Croatie, Géorgie, Estonie, Finlande, Bénin, Cambodge, et en octobre au Mexique)

Son travail artistique
Comment définiriez-vous votre univers visuel ?

Mon univers est un mélange de diverses choses. Cela passe par les Pin-Up des années 50, les dessins animés en noir et blanc des années 20, et diverses inspirations prises un peu partout durant ma vie. Le bleu de Delft a pris une importance conséquente dans mon travail depuis un voyage aux Pays-Bas. J’essaie d’intégrer d’autres choses pour varier, comme les inspirations des éléments de vitraux. Ce sera possiblement dans le futur (peut-être cet hiver)

Quels thèmes reviennent souvent dans votre travail ?

Les personnages féminins forts, on peut parler de féminisme sans rougir du mot. La résilience est quelque chose qui me fascine. Je représente souvent mes personnages avec des cicatrices, car nous sommes toutes et tous blessé.e.s dans nos vies, et nos cicatrices peuvent être physiques ou/et mentales. Mais la résilience humaine donne très souvent la force d’avancer.

Quelles sont vos principales sources d’inspiration – artistiques, culturelles,
personnelles ?

Tout ce qui m’entoure, tout ce que je vois en voyage, toutes les rencontres artistiques que je peux faire au gré de mes déambulations, de festivals, d’internet (car c’est un outil fabuleux !)

 

Sa technique
Quelles techniques et quels matériaux utilisez-vous pour vos fresques ?

Je peins toujours avec de la peinture acrylique. J’ai d’abord commencé avec de la peinture liquide aqueuse, et j’ai depuis beaucoup travaillé avec la spray solvantée.

Avez-vous une méthode ou un rituel particulier avant de commencer un mur ?

Je donne une bonne tape à mon mur, pour faire connaissance ! C’est quand même un travail à deux, on va devoir s’apprivoiser, alors j’aime faire connaissance avec mon mur avant de commencer. C’est aussi un peu pour m’encourager, pour prendre conscience de la taille du mur, de réaliser l’ampleur du chantier. Et à la fin, une tape d’au revoir et de remerciement !

Comment abordez-vous le lien entre l’œuvre, le lieu et les habitant·es ?

J’aime la plupart du temps me renseigner sur le lieu où je peins. Parfois selon mes envies il m’arrive de peindre mon univers sans prendre un seul élément de l’endroit où je peins. C’est vraiment au ressenti. Mais c’est comme ça que lors de ma fresque faite en 2022 à Raon-l’Etape, j’avais eu la volonté de peindre la femme à barbe, mais j’avais découvert qu’elle n’était pas originaire de cette ville, et n’y avait pas vécu non plus. C’était en évoquant ce scénario avec l’adjoint à la ville qu’il m’a dit qu’il connaissait le maire de Thaon-les-Vosges… et le soir j’avais reçu un courriel dans ma boîte de monsieur le Maire !

 

La figure de Clémentine Delait
Comment avez-vous découvert la figure de Clémentine Delait ?

Un peu par accident, en faisant des recherches sur mon projet à Raon l’Etape, mais ce thème n’aurait pas eu son sens là bas. Je l’ai donc gardé dans ma tête… en espérant qu’il voit le jour !

Qu’est-ce qui vous a particulièrement touchée ou inspirée dans son histoire ?

Sa vie ! Son allure ! Son élégance ! Son nom ! Tout en elle m’a plu, j’aurais aimé la connaître. Elle était en dehors des clous, en dehors des conventions sociales, en dehors de ce qu’on aurait attendu d’une femme à cette époque. Elle était avant-gardiste, a adopté une orpheline de guerre, pouvait porter des tenues dites “masculines”, faire du vélo, et tant d’autres choses… C’est grâce à ce genre de personnalités que le monde avance un peu plus vers l’acceptation et la compréhension des différences chez les gens. Que tout n’est pas binaire, qu’il y a des tas de nuances possibles, et que cette tolérance et ce respect devrait s’appliquer envers tous les genres, toutes les communautés, toutes les origines, toutes les sexualités, et surtout aujourd’hui.

Comment avez-vous choisi de la représenter dans cette fresque ?

Je la voulait souriante, car c’est ce qu’elle dégage sur toutes ses photos. Elle était toujours très apprêtée, très coquette, avec cette lueur pétillante dans les yeux. J’ai souhaité qu’elle porte ses belles robes, mais que le pantalon dit “masculin” auquel elle avait droit se dévoile. J’ai voulu également la représenter au milieu de ses animaux, de ses fleurs de son jardin qu’elle aimait, et aussi entourée de quelques souvenirs de vie, comme la cage aux lions ou le biplan.

Quels messages avez-vous souhaité faire passer à travers cette œuvre ?

La tolérance (dont je parlais plus tôt), la force, la positivité, et surtout une nouvelle manière de représenter la femme à barbe, dans un style qu’on attendait pas (pas d’hyper réalisme donc) et surtout de ne pas la caricaturer, mais la mettre en valeur à sa juste grandeur. Quoi de mieux qu’un grand mur ? Et quel grand mur !