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Cristina Escobar :
artiste plasticienne en résidence

Bonjour Cristina ! Vous êtes actuellement en résidence artistique de territoire sur notre commune pour préparer un projet sur l’époque industrielle textile. Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter ? 

C.E. – Je suis une artiste plasticienne franco-cubaine. Je pense que le fait d’avoir été « fille » de deux cultures complètement différentes n’a fait qu’enrichir la manière dont je regarde le monde. Je suis rentrée à l’École Nationale d’Arts Plastiques de Santiago de Cuba à l’âge de 14 ans et à 18 ans je travaillais comme scénographe pour le théâtre. Cela m’a permis non seulement de passer de l’image (peinture, gravure et photographie) à la création de l’objet dans l’espace, mais aussi de partager des idées lors de mes créations. Je considère que ma démarche artistique est en cohérence avec mon vécu personnel, mais aussi avec cette diversité des expériences tout au long de ma carrière. Pour moi, l’art est un espace de création et de relation, un lieu qui permet les rencontres et la jonction d’une transversalité unique, mélangeant mémoires et histoires personnelles. C’est de cette manière que je pense mes projets. Pour moi c’est essentiel de pouvoir parler à travers ma création des questions sociétales communes et existantes dans notre mémoire individuelle et collective.

Pouvez-vous nous parler de votre projet artistique ? 

C.E. – Ici, j’ai l’intention de créer un projet interdisciplinaire et participatif, qui sera représentatif du territoire de Thaon-les-Vosges. Ce projet ne sera pas « limité » aux frontières de cette ville, mais il ira à la recherche de l’histoire et de l’interrelation des territoires voisins. Il sera le résultat de diverses rencontres, échanges et collaborations avec les acteurs locaux implantés. Le projet global sera constitué de plusieurs œuvres et des formes artistiques multidisciplinaires, qui s’entrecroiseront et dialogueront entre elles, dévoilant ainsi l’histoire et la mémoire industrielle de cette ville, mais aussi celles de ses ouvriers. Le projet parlera notamment de la classe ouvrière et de sa condition sociale, en passant par l’histoire de l’une des plus grandes usines textile qui a existé en Europe, sujets qui m’intéressent et qui m’ont toujours intéressé.

Vous souhaitez recueillir des témoignages d’habitants pour votre projet. En quoi cela va-t-il le nourrir ? 

C.E. – Par la participation des habitants, des demandeurs d’emploi, des ouvriers, des ex-ouvriers, des personnes âgées, en insertion, exilées ou immigrées et par la collaboration des professionnels, artisans, commerçants, industriels et associations implantés dans le territoire, les œuvres pensées dans ce projet global naîtront et seront possibles. Sans leur participation, rien ne pourra être possible. Ce seront eux les véritables créateurs de ce projet, je suis juste là pour mener une ligne, une direction. D’ailleurs, je ne choisis pas seulement la BTT, mais aussi tous les « enfants de Boussac », car l’une comme l’autre ont fait de Thaon-les-Vosges la ville telle que nous la connaissons aujourd’hui et celle qui est encore latente depuis « hier ». Il n’y a qu’à se rendre au Musée du Patrimoine Thaonnais pour en découvrir la richesse d’une histoire forte et unique, presque interminable, qui continue à marquer nos mémoires.

En quoi la notion de mémoire est-elle prégnante dans votre démarche artistique en général ? 

C.E. – Ma démarche artistique et ma création en général cherchent toujours la notion de mémoire, d’une manière directe ou indirecte, car nous sommes le résultat d’une mémoire héritée, où nous avons la responsabilité de la poursuivre et de la transmettre. Dans mes œuvres, on peut voir divers moyens d’expression : le dessin, la sculpture, l’objet, la performance et l’écriture. Récolter ces récits et ces témoignages mélangés me permettront d’avoir une vue d’ensemble sur la mémoire d’un territoire et donneront matière à des créations. La parole et l’écriture constituent pour moi l’art le plus immédiat, c’est l’expression de nos pensées et émotions. Je donne une importance incomparable à cet espace d’échange et de partage sans jugements. Peut-être est-ce dû au fait que j’ai grandi dans un pays où la parole pouvait coûter la privation de liberté, voire la vie.

 

Pour contacter Cristina : escobar.cristina@aol.com

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Cristina Escobar : artiste plasticienne en résidence

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